Le concept de cygne noir : la puissance de l’imprévisible

En regard des épisodes d’incertitude que nous vivons, nous vous partageons une note de lecture d’un essai « philosophique » passionnant, décoiffant, et rafraîchissant, recommandé à ceux qui apprécient de nouvelles sources d’inspirations dans leur façon de penser et d’agir sur leur environnement.

Le pavé faisant plus de 400 pages, nous n’allons pas faire l’injure à son auteur, Nassim Nicholas Taleb, de tenter de le résumer. Pour vous donner envie de vous y plonger, nous allons plutôt en aborder certains aspects, y compris avec quelques extraits.

Pour Nassim Nicholas Taleb, l’ascension d’Hitler, l’effondrement du bloc soviétique, le fondamentalisme islamique, Internet, etc. ont le point commun d’être des Cygnes Noirs.

Ils étaient imprévus et ont changé nos vies quotidiennes.

Trois signes caractéristiques du Cygne Noir :

  • Il est rare, c’est une aberration dont rien dans le passé n’indique de façon convaincante qu’il ait des chances de se produire.
  • Il a un impact majeur.
  • Il est rétrospectivement prévisible, c’est-à-dire qu’il est explicable et prévisible après coup.

Si vous examinez votre propre existence, les évènements importants, votre profession, une rencontre qui a tout changé, les trahisons, votre bonne fortune ou votre ruine : il est probable que votre vie quotidienne soit le résultat de Cygnes Noirs.

Tous ces faits qui conduisent à ce que nos vies soient façonnées par des imprévus devraient nous avoir fait comprendre que ce que l’on ne sait pas compte beaucoup plus que ce que l’on sait. La somme de nos erreurs de prévision est monumentale, et pourtant nous faisons comme si nous étions capable d’en faire à 30 ans (déficit de la sécurité sociale, changement climatique, cours du pétrole…). Nous aurions intérêt à apprendre à tenir compte de l’anti connaissance : de ce que nous ne savons pas.

Nassim Nicholas Taleb explique notre incapacité à appréhender le monde dans lequel nous vivons réellement par des erreurs de pensée telles que :

  • L’erreur de confirmation : la tendance à ne percevoir que ce qui confirme nos à-priori, à ne se focaliser que sur ces éléments pré-sélectionnés et à les généraliser à ce qu’on est incapable de percevoir.
  • L’erreur de narration : la tendance à attribuer une explication, un lien logique à une suite d’évènements en utilisant la narration, le spectaculaire et l’émotionnel.

Il l’explique aussi par notre croyance dans les prévisions due à ce qu’il appelle l’arrogance épistémique :

  • Une surestimation de ce que nous savons : la capacité à croire qu’on en sait beaucoup plus que ce qu’il en est en réalité. A titre d’exemple, le dépassement, parfois invraisemblable, de nos prévisions de budgets et de délai concernant les projets d’une certaine envergure en est une démonstration éclatante.
  • Une sous-estimation de l’incertitude en réduisant l’espace de l’inconnu.

Qu’en tirer ?

Evidemment c’est à chacun d’en juger, néanmoins nous souhaitons mettre en évidence cette citation attribuée au philosophe Bertrand Russel : « L’exigence de certitudes est naturelle à l’homme, mais c’est néanmoins un vice intellectuel… tant que les hommes ne seront pas formés à suspendre leur jugement en l’absence de preuves, ils seront induits en erreur par des prophètes trop sûrs d’eux… »

Si comme le dit Nassim Nicholas Taleb il est impossible d’apprendre aux gens à suspendre leur jugement, que le jugement fait partie intégrante de la manière dont on voit les choses, alors quoi faire ?

Nous vous invitons à vous en faire une idée en lisant Le Cygne Noir.