Ces projets difficiles qui n’avancent pas…

Nous sommes tous tot ou tard confrontés à un projet difficile qui n’avance pas. Peu importe que les causes invoquées soient ou non légitimes, que ce soit de la faute du client, du fournisseur ou du collègue… le résultat est là, et il produit nécessairement des effets sur l’une ou l’autre des parties prenantes. (On voit d’ailleurs vite dans ces conditions difficiles les personnes d’ordinaire tempérées devenir au choix impatientes, énervées, inquiètes, démobilisés, ou pire…).

Au sortir d’un projet difficile, avec un client devenu ami, nous nous posions la question:
« Mais où est ce que ça a dérapé? »

En refaisant l’histoire, deux causes principales sont vite ressorties, et il semble qu’hors tremblement de terre de type COVID, elles s’appliquent manifestement bien à tout type de projet.

 

1 – Une specification trop légère au départ.

Nous avions pourtant pris le temps de réunir tout le monde et nous étions tous d’accord sur un objectif très concret, comment nous allions y arriver et les contraintes à prendre à compte…

… malheureusement, ce n’est pas parce qu’il y a consensus sur la spec du projet, que la spec est parfaite. En l’occurrence le plan de départ a pris une direction, puis une autre, puis une autre, obligeant à défaire pour refaire et refaire encore.

 

Axiome #1 – Vraie spécification = pas de remise en question

Il est essentiel de garantir que chacun sache aussi que cette spec, c’est la fondation du projet. Et comme pour un édifice en construction, rien n’interdit de modifier ses fondations plus tard à mesure qu’on construit si on estime que c’est nécessaire… mais ça va impacter la construction, voir carrément changer l’édifice entier.

Ainsi il semble important de valider la spec que si chacun sait vraiment ce que ça impliquera de la remettre en cause. Et donner du temps éventuellement pour réfléchir aux modifications qu’il faut y apporter, faire prendre du recul avant de la valider, pour être le plus sur possible qu’elle ne sera pas remise en cause.

Ne pas prendre ce temps, c’est prendre le risque d’avoir à refaire.

 

2 – Décider des jalons du projet sans dire quand ils arrivent effectivement.

Nous avions pourtant défini toutes les étapes, les actions, les contributions des uns et des autres dans le détail jusqu’au bout du projet. C’était nickel.

Sauf… peut-être à cette étape ou nous avions décrété que « de toutes les manières ça sera prêt, on laissera passer les congés pour deployer quand on pourra ». Grave erreur, car oui, tout était prêt et tout le monde avait hâte de deployer. Mais après les congés, nous n’y voyions pas plus clair sur le moment où nous pourrions enfin déployer, et de l’eau a largement eu le temps de couler sous les ponts.

Au moment fatidique, ce que nous étions convenus était loin derrière … ce qui a bien entendu donné l’occasion de remettre encore une fois la specification d’origine sur le billard. C’était repartit pour un tour.

 

Axiome #2 – Délais pas précisé ? C’est risqué.

Le plan ne tient que s’il est aboutit. Point final.
Si on ne sait pas dire quand ça va arriver, c’est probablement parce que ça n’arrivera pas.

Et enfin, sur ce projet qui ne n’avançait pas… il y a quand même des choses qui ont permis d’aller jusqu’au bout ?

Sans hésiter, un autre Axiome qui est le plus important à mon sens :

Quel que soit le projet, privilégier le maintien d’une relation de qualité, et le dire sans retenue. Ne pas tomber dans le piège facile du conflit et tout faire pour instaurer des rapports constructifs.

Pour ce genre de projet, c’est un ingrédient important qui donne le ressort nécessaire pour avancer dans l’adversité, pour trouver d’autres solutions. Accessoirement, ça permet aussi de transformer des clients en amis.